Vivre à Lourmarin

Photo de la façade côté jardin et bassin de l’Hôtel de la Fontaine en septembre 2024…

 

Le second permis modificatif déposé par l’Hôtel de la Fontaine a été accepté par le Maire de Lourmarin le 8 octobre 2024 après de longs mois de flou pendant lesquels le porteur du projet a consciencieusement poursuivi ses travaux en toute illégalité après le rejet du premier permis modificatif en mai 2024.

 

L’association Luberon Nature a décidé de déposer un recours en annulation du permis 

le 10 décembre 2024 interpellée par les « libertés » prises dans le cadre ce permis. 

 

Créée en 1966, Luberon Nature est une association agréée depuis 1979 au titre de la protection de l’environnement dans les départements de Vaucluse et des Alpes de Haute-Provence. Elle est habilitée à siéger dans les instances consultatives départementales et ainsi à participer au dialogue environnemental.

 

Certains aspects de ce dossier soulèvent deux types de questions et nous interrogent pour l’avenir :

 

1. Dans quelle mesure peut-on s’arranger avec le PLU ?

 

Quelques points notables :

 

• Le nombre de percements de la façade autorisés par le permis contrevient à la règle qui énonce que « les pleins prédominent les vides ».

 

• Le terrain d’assiette du projet est impacté par le risque d’inondation par ruissellement. Dans les zones de ruissellement les planchers créés doivent être situés à 25 cm au-dessus du terrain naturel. Côté jardin, un décaissement du terrain de 30 cm a été effectué pour abaisser le plancher et gagner en hauteur sous plafond. 

 

• La surélévation de la toiture pour créer une terrasse dite technique refusée lors du premier permis modificatif a été acceptée avec 10 cm de moins et 2 pans de toit au lieu de 4. Elle permet surtout de gagner des m2 de plancher, en dérogeant à la règle de l’intégration avec le bâti environnant et les perspectives du village. Les constructions avoisinantes n’ont pas été prises en compte dans le permis.

 

• La construction d’un bassin d’agrément en zone 1Ne totalement inconstructible. Le bassin d’agrément, construit hors permis pendant la période d’instruction, a pris les dimensions et la profondeur d’une piscine. A voir ce que son usage nous réserve…

 

• Une imperméabilisation quasi-totale du jardin allant à l’encontre des préconisations d’aménagement des terrains en zone 1Ne. 

 

 

Notre conclusion sur cet aspect de l’affaire : le PLU est une protection toute relative pouvant être largement contournée pour faciliter certains projets choisis. L’expérience de l’Hôtel de la Fontaine doit nous mettre en garde sur la réalisation d’autres projets sachant que la version finale peut varier considérablement avec la présentation initiale et ainsi déroger au PLU si les porteurs de projets sont soutenus pour la municipalité. 

 

 

1. Ce projet est-il vraiment avant tout un hôtel avec quelles conséquences pour les habitants du centre village ?

 

Les jauges précisées dans le permis soulèvent la question de la qualification de l’établissement : un hôtel, un restaurant, un bar ? 

 

Les jauges inscrites dans le permis indiquent : 

 

• Restaurant : 89 personnes avec 100 m2 de salle à l’intérieur et 78 m2 de terrasse extérieure, 

• Bar : 60 personnes, 

• Hôtel : 28 personnes, 

• Boutique : 6 personnes (il est précisé dans le permis qu’il s’agira d’une boutique de vente de produits du terroir (sic…)

• Personnel : 12 personnes. 

 

Sur la jauge totale de 195 personnes les clients de l’hôtel ne seront que 28 ! 

 

Or, la Mairie précise concernant la nature du projet : « transformation d’un bâtiment d’habitation existant en hôtel avec une activité secondaire de restaurant et d’une boutique de vente, situé place de la Fontaine au centre du village de Lourmarin. Le projet se situe en « zone rurale ». 

L’activité du bar n’est même pas mentionnée dans le changement de destination !

 

Quant aux nuisances liées à l’exploitation de l’hôtel, elles seront pour les voisins car rien n’est mentionné pour garantir la sérénité du voisinage : livraisons, voitures des clients, bruit et musiques autour de la piscine,…

 

L’autorisation de changement de destination, le permis de « régularisation n°2 » répondent à la même logique d’engagement du village et de ses habitants dans le sillon du tout-tourisme.  Un autre projet risque de venir encore creuser ce sillon en 2025 : la transformation d’une zone agricole en zone urbaine pour permettre l’extension de l’hôtel du Galinier.

 

Visuels des plans d’aménagement du jardin : entre le projet initial et le projet accepté le bassin a pris la taille d’une piscine, d’autant qu’il a été construit avant autorisation comme le montre la photo prise en septembre 2024…